Mini contest apnée AIDA – Courbevoie – STA

Jeudi 29 avril 2016

Je n’avais pas forcément prévu d’écrire sur ce mini-contest, mais quand je rencontre des personnes qui me disent : « Romain, j’adore ce que tu écris, c’est du pur plaisir à lire », je me dis que ce partage en fait avancer certains dans leur cheminement et c’est bien cela le but ! Du coup, c’est reparti pour un pavé apnéique, bonne lecture.

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Mini contest AIDA à Courbevoie organisé par le Club Air et Eau concept.
Un mini contest est une prise de performance validée dans le même cadre que lors d’une compétition, c’est à dire avec des juges. A ceci près que cela se fait en soirée et que généralement il n’y a qu’une seule discipline. C’est un événement bien plus intimiste qu’une compétition (même si en apnée les spectateurs envahissent rarement la piscine) et qui est bien plus court : une soirée. Ce soir, cette prise de perf se fait en apnée statique. Cette discipline est un peu ma bête noire en compétition. J’ai conjuré le sort à Nîmes en dépassant enfin les 5min dans un cadre officiel, mais malgré tout, en apnée, rien n’est jamais acquis. Ce mini contest tombe à pic. N’ayant pas encore le niveau pour les Frances (6min au minimum cette saison), cela me fait une dernière mesure dans cette discipline avant la fin de saison.
Journée de boulot terminée et hop direction la piscine de Courbevoie avec une petite pointe de nostalgie car c’est ici même que j’ai fais ma première compétition en Novembre 2014.

Nous sommes peu, genre moins de 10 apnéistes , tout est bien huilé et nous nous retrouvons rapidement devant le bassin de statique en attendant notre heure de passage. J’en ai déjà parlé précédemment, avec Laurent nous testons pas mal de protocoles d’échauffement différents et aujourd’hui je me prépare avec une série d’apnées poumons vides dans l’eau. L’eau est à 28°c, je porte une 2×3,5mm, échauffement + perf = environ 30min, ça devrait être bon coté température.

Laurent est là, il organise ce mini contest et coache Sylvie qui se présente pour une performance qualificative aux championnats du monde en Finlande en juin. Je vais donc pouvoir profiter de sa présence en coaching, c’est top ! De mon coté pas de pression, je ne me présente à rien du tout . Aujourd’hui mon échauffement à sec est tourné sur l’assouplissement du diaphragme. Je n’ai jamais vraiment eu la motivation de faire ce genre d’exercices avant une perf en statique, préférant de la relaxation ou des apnées préparatoires. Mais ce soir je m’y tiens, et j’insiste sur le diaphragme avec un mix de Yoga (Merci Britta), de Souffleo (merci Laurent ) et de relâchement du diaphragme (merci Marion ).

Mise à l’eau en douceur, et c’est parti pour une série d’apnées dans l’eau. Je lâche prise sur mon coté cartésien qui me caractérise tellement. Je me mets à l’eau pour une série de 4 apnées et je sais que j’ai 16min pour les accomplir. Je ne m’impose pas les temps précis d’apnée ni les temps de récupération, je me met en mode instinctif, aspect de « mon moi » bien atrophié par mon éducation d’ingénieur. Cela se passe bien et je trouve au final cela bien plus relax.
Arrive mon heure de passage, psychologiquement je suis bien, ces apnées préparatoires m’ont mis dans un bel état mental, je suis prêt. Mon coach est là, les juges également, c’est parti pour une belle apnée. Je ferme les yeux et rentre dans ma bulle aquatique, je suis bien, je sens l’eau et cette phase primaire de l’apnée statique est impeccable. Je ne cherche pas mon diaphragme (ce qui a déjà eu pour conséquence de le réveiller trop tôt et de raccourcir le voyage), je laisse aller. Avec le temps on finit même par connaître le chronomètre sans même avoir à le regarder, uniquement grâce aux sensations que nous renvoie notre corps. Parfois nous sommes surpris en bien ou en mal, mais la plupart du temps, c’est prévisible. Laurent m’annonce 3min15sec alors que mon diaphragme commence à se réveiller, je passe alors dans un autre monde, je quitte le silence et le calme pour une mise en route progressive du mental. Je ne sais pas ce que j’ai aujourd’hui, mais les contractions sont plus douces que d’habitude, c’est peut être du à l’échauffement différent, le stretching, les poumons vides. J’arrive à 4min15sec et Laurent me rappelle que c’est le moment d’allumer le mental pour de vrai. Cette première minute de jeu assez douce dans l’envie de respirer laisse place à un réel combat intérieur. L’objectif principal est de rassurer son corps sur l’action en cours, que tout va bien, qu’il ne faut pas s’alarmer et de contrôler son état de conscience. Le diaphragme quant à lui s’énerve vraiment, il se contracte tout seul sans contrôle possible et de manière de plus en plus brutale. Deux choix possibles : soit on décide de le laisser « cogner » soit on décide de le tenir contracté. La dessus chez les apnéistes, il n’y a pas de consensus.

Dans la tête, toutes les raisons de sortir et de prendre une bonne bouffée d’air font leur apparition. Le mental doit tenir tout en restant à l’écoute des capacités du corps et des signaux qu’il peut envoyer. 5min, whaou, me voilà à mon personnal best en compétition et je suis encore sous l’eau. Je reste concentré et j’ouvre les yeux pour m’assurer de mon état de conscience. Vérification de l’état de conscience 5min15, tout va bien je continue, à ce moment, le ressenti se modifie, je suis à 5min30sec, tout se ralenti et commence à être moins clair. Le mental à tenu et le corps envoi ses derniers signaux d’envie de respirer. Laurent me dit de sortir. La connexion entre nous est belle et solide, son analyse de mon corps et de mon travail de l’extérieur est excellente. Sa voix me fait sortir, j‘inspire, c’est difficile, je sens que je ne suis pas en conscience à 100%. Deuxième inspiration, troisième inspiration, ah voilà ça va mieux et les mots du coach m’aident à être présent , je peux enfin attraper mes lunettes, enlever mon pince nez et regarder les juges pour leur dire que je vais bien.

C’est un carton blanc pour 5min39sec, je suis très content de cette performance validée en mini contest. Cette performance terminée sur le fil me rappelle combien il est difficile de jauger ses sensations en fin de performance, comment il est facile de passer de l’autre coté de la ligne sans même forcément s’en rendre compte. Avec le recul, je remarque que ma dernière auto-suggestion de contrôle de conscience était vers 5min15sec et que je n’en ai pas refait ensuite, c’est une erreur et encore une fois j’apprends.

Je suis très satisfait de cette dernière perf en statique de la saison, merci au Club Air et Eau concept pour l’organisation et au COC pour l’accueil de ce mini contest !

A bientôt pour de nouvelles aventures,

 

 

 

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